Jean-Frédéric Lémarché est inquiet

P3 – Ben qu’est-ce qui se passe, t’as l’air inquiète ?

P2 – Non pas du tout... 

C’est Jean-Frédéric.

P3 – Qu’est-ce qu’il a Jean-Frédéric ?

P2 – Je sais pas, il est irritable... il est tout le temps inquiet.

P3 – Mais pourquoi ?

P2 – À cause des marchés...
Les marchés aussi sont inquiets.

P3 – Les marchés sont sensibles. Les marchés sont d’un sensible, aujourd’hui !

P2 – Les marchés hésitent

P3 – Les marchés sont nerveux

P2 – Les marchés sont soupçonneux
dubitatifs

P3 – perplexes

Ensemble – Il faut rassurer les marchés !

P2 – Un poil susceptibles, les marchés. Les marchés sont d’un susceptible en ce moment !

P3 – Les marchés sont tendus

P2 – Les marchés sont tendance !

P3 – Les marchés manifestent aujourd’hui leur défiance

P2 – Prudence...

P3 – Les marchés ont tremblé

P2 – Les marchés ont peut-être un peu froid ?

P3 – Les marchés doutent, de l’économie

P2 – de marché ?

P3 – Mais non !

P3 – Les marchés attendent. Les marchés sont attentistes.

P2 – Il faut être attentifs aux marchés

P3 – attentionnés

P2 – Les marchés désirent être choyés           

P3 – Les marchés sont de grands enfants

P2 – Les marchés jouent... à se faire peur

P3 – Les marchés imaginent le pire !

P2 – Les marchés sont de grands acteurs

P3 – Les marchés clament

P2 – Les marchés déclament

P3 – Les marchés jouent... aux montagnes

P2 – à la roulette

P3 – russes

P2 –Ah : les marchés sont prêts !

P3 – à parier...

P2 – Sur l’effondrement de la zone A,

P3 – B,

P2 – C...

Ensemble – Coulé !

P2 – Les marchés accusent le coup

P3 – Les marchés accusent : c’est la faute au...

P2 – La photo ?

P3 – au déficit public

P2 – au pas assez de déficit public

P3 – à la baisse tendancielle du taux de profit indiciel de la valeur prudentielle

P2 – Prudence...
Ah ! les marchés sont déçus

P3 – Ciel !

P2 – Nous avons un peu déçus les marchés !
Faudra pas recommencer...

P3 – Ils sont mal orientés maintenant...

P2 – mal barrés
tout désorientés

P3 – carrément désargentés
Les marchés ne baissent pas, ils prennent leurs bénéfices

P2 – Quand même un peu barrés, les marchés !

P3 – Les-marchés-prennent-peur-les-marchés-perdent-espoir

Ensemble – Les marchés ils nous prennent pour des poires !

Ensemble. – Il faut      sé-cu-ri-ser      les      mar-chés.

P3 – Le marché a besoin d’un cap solide

P2 – D’un bon capitaine à la barre, leadership, leaderprice, gouvernance-gouvernail !

P3 – Chef de navire capable de naviguer en forte tempête force 8 !

P2 – De péter le feu sur les liquidités !

P3 – Le marché a besoin de règles claires

Ensemble. Les marchés re-fusent une re-struc-tu-ra-tion de la dette

P2 – Le marché a besoin de réformes structurelles

Ensemble. Les marchés réclament im-pé-ra-ti-ve-ment une solution à la crise

P3 – flexibiliser les salaires

P2 – maintenir le taux des changes

P3 – échanger à zéro contrainte

P2 – contraindre l’inflation

P3 – flatter les bonus

P2 – bonifier les prêts à taux variables

P3 – habiliter la création de valeur

P2 – valoriser l’investissement

P3 – investir les mouvements sociaux

P2 – socialiser les charges

P3 – chargeons ! chargeons ! (et déchargeons le secteur privé...)

P2 – privatiser les transports, la santé, l’éducation, l’air, les graines, la respiration, l’eau, les mots !

P3 – monétariser les nations

P2 – nationaliser les pertes !

Ensemble. – Yahouououou !

P3 – Les marchés acclament !

P2 – Les marchés réclament :

P3 – clamaboter les effectifs

P2 – effectifier des prélèvements

P3 – raclasser des emprunts maxifiés

P2 – niquifier à taux stabilisé
stabilosser la conjoncture
conjecturer à risque zéro... cinquante
quantifier la qualité
déqualifier la formation
qualifier la déformation

P3 – Marchons...

P2 – formez vos bataillons

P3 – Marchons...

P2 – taillons-nous aux paradis

P3 – pas avec nos radis ?

Ensemble – Mais si !!

P1, entrant – Dites moi je m’excuse d’interrompre mais est-ce-ki faudrait pas par le chemin développer les aigus instruments d’analyse financière en ligne qui ont seuls capacité d’opérerer une facilevisibilité  des cartes des sociétés cotées en bourse permettant de rechercher les conditions de stocks et de décider ensuite de vente ou d'achat ?  Online trading bourse est instantané, mais pas tous les temps ! (Un temps.)
Ou alors : virer les gens. (Elle sort.)

Ensemble, enthousiastes – Mais si !!

P2 – Ah, les marchés sont rassurés

soulagés, les marchés

P3 – Les marchés reprennent confiance !      

Les marchés sont enfin devenus raisonnables

P2 – Les marchés repartent à la hausse !

Les marchés sont euphoriques

Le marché est grand !

P3 – Le marché pense en grand et en nanosecondes !

P2 – Le marché se réalise en direct live déréel, clic

Le marché pense en temps réel, et même un peu avant

Speedy surf indices rating live et libre accès, free !

P3 – Jean-Frédéric Lémarché est d’humeur haussière !

P2 – Lémarché-Lémarché

P3 – Les marchés baissiers sont d’humeur !... baissière ?

Yes. (Toute façon qu’ça monte ou qu’ça descend, nous on prend nos vos bénéfices)

P2 –Ah mais, petit accès de mauvaise humeur de Jean-Frédéric Lémarché !

P3 – Soudain accès de fièvre des marchés de Jean-Robert Lémarché

P3 – Mais... mais... mé-mé...  Lémarché rechute !

P2 – Ah ben mais Lémarché  était trop exposé

P3 – Chut...

P2 – Fiévreux, Lémarché.

P3 – Fébrile, Lémarché. Chut...

P2 – Jean-Robot Lémarché s’affole

P3 – défibrille

P2 – courage, Fifille

panique en très grand

P3 – J.R. Lémarché se déglingue en temps maxi déréel

P2 – Les marchés frémissent

P3 – Les marchés rebondissent

P2 – Les marchés font des petits bonds
Les marchés font des petits 

P3 – des-bonds-des-bonds-des-bonds-des-bonds-des-bonds !

P2 – Les marchés réagissent

P3 – dévissent

P2 – revissent

P3 – redévissent

P2 – surréagissent

P3 – C’est qu’il aurait eu fallu rassurer les robots

P2 – et puis les clics

P3 – ou les nanosecondes

Un temps.

P2 – Les marchés ne réagissent plus !

P3 – Les marchés sont inertes

P2 – Les marchés n’y croient plus

P3 – Les marchés ne crient plus

P2 – Les marchés i marchent pus

P3 – Les marchés sont atones     

P2 – tatone, tatone...  continuer, battements du cœur

P3 – des zérosbonds
Les marchés bougent plus
Les marchés sont morts

Un temps.

Ah ben merde.